Un nouvel outil pour se repérer dans le temps avant d’apprendre à lire l’heure.

31 mars 2013

(Communication sur une thèse de doctorat)
Auteur présentant la communication : Baptiste JANVIER

Quels sont les effets d’une montre affichant les temps forts de la journée sous la forme de pictogrammes ?

L’apprentissage du système temporel est un processus d’acquisition long. Les premières acquisitions concernent le temps journalier. Rares sont les recherches qui étudient le développement des connaissances temporelles en prenant en compte les outils culturels à la disposition des enfants.

A partir de 7-8 ans, les enfants se servent de l’heure donnée par l’horloge pour réaliser une épreuve d’arrangement d’images représentant des évènements journaliers comportant des configurations d’aiguilles d’une horloge (Tartas 2000). Avant cet âge d’apprentissage du système horaire, se sont principalement des scripts fondés sur des informations temporelles vécues qui permettent de se représenter le présent, le passé et le futur proche. C’est essentiellement une interaction entre les informations de l’environnement et celles intégrées par l’enfant qui permet une progression des connaissances.

L’évolution des techniques a permis le développement d’une montre pour les enfants de 4 à 7 ans. Il s’agit d’une montre-bracelet à afficheur à cristaux liquides. A la différence des montres éducatives existantes, celle-ci n’apprend pas à lire l’heure puisqu’elle n’a ni chiffres, ni aiguilles.

Son objectif est de permettre aux jeunes enfants d’intégrer de façon ludique une certaine conception de leur espace-temps par l’intermédiaire de pictogrammes apparaissant sur le cadran. S’affichent conjointement des informations sur la période journalière (matin, après-midi) par l’intermédiaire de pictogrammes et des icônes des temps forts de la journée (récréation, sieste, déjeuner…).

Le but de cette recherche est d’étudier les effets de ces informations sur le repérage temporel chez l’enfant de 4 à 7 ans. Nous avons supposé, un rôle structurant de cet outil  psychologique dans le développement cognitif. L’adjonction visuelle des « temps forts » aux actions vécues aurait un effet bénéfique sur la localisation temporelle et le positionnement diurne des actions importantes de la journée.

Avant et après une période d’utilisation de 15 jours, 68 enfants d’écoles maternelles répartis en trois groupes d’âge (4-5 ans, 5-6 ans et 6-7 ans) ont été soumis à différentes épreuves d’appréhension du temps vécu. Celles-ci concernent la classification selon 3 périodes [matin – midi – après-midi] de cartes-images des « moments forts » de la classe (3 cartes), de la récréation (2 cartes), du déjeuner et de la sieste. Chez les élèves les plus jeunes (4-5 ans) une requête sur la période actuelle de la journée remplace une épreuve combinée de l’ordination et de la classification (frise chronologique).

Les résultats indiquent, chez les 4-5 ans, un effet bénéfique de l’indication visuelle de la période journalière (matin, après-midi) lors de la requête « Maintenant, on est le matin, le midi ou l’après-midi ? ».

L’utilisation de cet outil favorise également, chez les 4-5 et 5-6 ans, la catégorisation des actions journalières importantes (récréation, déjeuner, sieste) selon la dimension matin, midi et après-midi.

Dans une épreuve consistant à relier des images de « moments forts  de la journée » sur une frise chronologique journalière, les enfants de 5-6 ans et de 6-7 ans utilisant cette montre obtiennent de meilleurs scores, soit une meilleure représentation globale des différentes actions qu’ils vivent au cours de la journée.

Ces premiers résultats indiquent que l’apport de précisions sur la position temporelle favorise une certaine structuration du temps vécu chez l’enfant de 4 à 7 ans.

B. Janvier, N. Jarry et F. Testu
Laboratoire de Psychologie Expérimentale, E.A. 2114  « Vieillissement et Développement Adulte », Université F.  Rabelais, 3 rue des Tanneurs, 37041 Tours Cedex 01.

Références :
http://baptiste.janvier.free.fr/these/these1.pdf
http://baptiste.janvier.free.fr/these/these2.pdf